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Note personelle et subjective : Sick Of Myself 
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Rare sont les films qui me mettent mal à l’aise, mais face à Sick of Myself (Kristoffer Borgli, 2022), je me suis sentie complètement déstabilisée. Un malaise créé par des images, des scènes, mais aussi par la complexité psychologique des personnages. Je ne peux m’empêcher de penser à cette scène visuellement marquante où Signe se retrouve dans un groupe de personnes ayant des maux physiques et psychologiques, et où une femme se met à vomir. L’intervenant ramasse, sent et mange le vomi. Une scène objectivement déroutante. Elle m’a rappelé celle du vomi dans Triangle of Sadness (Ruben OF stlund, 2022) ou encore le rô le du vomi dans Drunk (Thomas Vinterberg, 2020), où il devient un obstacle récurrent dans la quête de l'alcool. Que ressort-il de ce fétichisme du vomi dans le cinéma nord-européen ?

Cependant, ce n’est pas la seule scène ni le seul élément qui m’a perturbée dans Sick of Myself. Le caractère de Signe m’a particulièrement mise à l’épreuve. Je n’arrivais pas à la cerner, ni même à savoir ce que je devais ressentir à son é gard. Au dé but, oui, j’ai eu de la compassion, sû rement jusqu’au moment où elle commence à prendre ses premiers cachets. AN partir de là, j’ai compris que ce personnage existait uniquement à travers sa quête d’attention constante. C’est alors qu’à mi-parcours, je me suis remémorée certaines scènes : la femme en sang qui lui tombe dessus, son allergie aux cacahuètes lors d’un dın̂ er pour son conjoint, ou encore lorsqu’elle embête un chien dans la rue (dans l’espoir qu’il la morde pour qu’elle souffre aussi). J’ai trouvé fascinant de créer un personnage principal qui n’arrive pas à se voir comme tel dans sa propre histoire. Ce besoin constant d’attention s’entrelace parfaitement avec le rôle du « main character ». C’est drôle, car quelques jours après avoir vu ce 4ilm, j’ai ressenti ce même « syndrome du personnage principal », ce besoin de me dévaloriser pour attirer l’attention, un sentiment humain, 4inalement, quand il n’est pas poussé à l’extrême.

Cependant, avec Signe, ce besoin d’attention devient obsessionnel, au point de devenir le cœur d’un 4ilm d’une heure et demie. Oui, Signe a des raisons de se sentir dévalorisée, mais ce n’est pas parce que ton copain est un connard que tu peux jouer avec la pitié des gens pour exister. C’est là que réside la contradiction du personnage : un protagoniste censé susciter admiration et respect devient ici celui que l’on déteste. Elle manque de courage et de respect envers elle-même et les autres. Intéressant de voir un 4ilm où le personnage principal est publiquement détesté, sans aucun culte de personnalité autour (contrairement au Joker, où le personnage, bien que fou et isolé, suscite une forme d'adoration).

Merci à Kristoffer Borgli d’avoir réalisé un 4ilm qui suscite une telle haine et dégoût envers un personnage é gocentrique, manquant cruellement de con4iance en soi et de respect envers autrui, et qui semble vouloir attirer tout le malheur du monde pour attiser la sympathie. Un personnage psychologiquement instable, dans une atmosphère pesante tout au long du 4ilm. Bien que Sick of Myself soit quali4ié de comédie noire, je trouve que ce long-métrage se rapproche plus d’un polar où le suspect et la victime sont la même personne : Signe, elle-même, créant ses propres perturbations.

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